Les heureux maîtres d'un petit laissé pour compte (3)
Troisième témoignage de la série inaugurée il y a deux semaines avec les matous de Catherine, puis ceux de Léonie et Cyrille.
A l'honneur aujourd'hui, Souris, une mamie chatte, et Carotte, le beau rouquin, positif depuis... huit ans !
Souris, c'est la première minette qui m'a ému, il y a trois ans de cela, alors que je découvrais pour la première fois les forums de protection animale, prenant ainsi conscience non seulement de l'existence, mais également de l'ampleur, de la misère féline. Facile de craquer devant Souris lorsque l'on aime les félins, me dira t'on... car c'est vrai que Souris est magnifique !
Mais Souris restera surtout pour moi la première histoire entendue d'une chatte senior, se retrouvant dans une cage de refuge après le décès de sa maîtresse. Une chatte ayant dépassé les dix ans de vie, trop âgée donc pour attendrir l'adoptant "classique", autrement que par un furtif " la pauvre !". Et comme trop souvent, une chatte qui ne comprend pas ce qui lui arrive, ce qu'elle fait derrière des barreaux, et qui se reqroqueville dans sa souffrance psychologique.
Il faut à Souris une famille d'accueil, au plus vite, afin qu'elle ne se laisse pas aller sur la dangereuse pente descendante qu'empruntent bon nombre de minettes perdues, dans de telles conditions. Un univers calme, sans trop de compagnons chats : de toute façon, Souris ne les aime pas.
L'Amie Laurence aurait pu se contenter de sa vie tranquille avec Théus et de son bénévolat dans le refuge où se trouve Souris. Laurence, un peu comme Catherine avec Arnold, ne rêve pas de sauvetage. Il y aura seulement ce "si tu ne trouves personne, appelle-moi", lancé à la responsable du refuge, sans trop réfléchir avoue-t'elle. Et c'est comme cela que commence l'histoire de Souris, de Laurence, et bien sûr de Théus.
Une histoire qui commence mal, illustrant le traumatisme de Souris. Quarantaine oblige, Souris n'est pas intégrée immédiatement dans le quotidien de la maisonnée. Elle vit donc sous le lit, et au mieux sous une couette...
Certes, elle mange et boit, va à la caisse. Mais en dehors de cela, un replis total dans sa souffrance et la nostalgie de son passé, et le refus total du contact, qui va avec. Vient la fin de la quarantaine et l'espoir que Théus sera le facteur entraînant et déclenchant. Et c'est l'effet inverse qui se produit : " quand j'ai ouvert la porte, c'était des grognements tout le temps, parce qu'elle avait très peur de Théus. Je l'ai encore laissée enfermée dans la chambre plusieurs semaines quand je n'étais pas chez moi (depuis, elle ne supporte plus une porte fermée)... Elle a mis six mois pour venir dans le salon : elle passait ses journées dans le panier à linge dans l'armoire... "
Six mois sans le moindre progrès.
Et ce furent les vacances. Un nouveau calvaire pour Souris : la présence au quotidien, non seulement de Théus, mais aussi d'autres chats, maîtres chez eux, dans cette maison qui les accueille le temps de la pause estivale de Laurence. Puis, vient le retour à la maison, et avec lui, le temps de la métamorphosme, celui de la victoire : Souris avait enfin envie de vivre... chez elle !
"C'est là qu'elle s'est révélée. Au retour à la maison, elle a mis trois jours à investir tout l'appartement et à défier Théus. En fait, j'ai affaire à deux vieilles biques dominantes (Souris plus que Théus encore). Aujourd'hui, Souris a treize ans. Elle a ses problèmes de petit vieux : elle vomit environ une fois par jour (mais le véto l'a trouvée en forme). Elle peut être adorable comme être une vraie peste. Elle court et joue comme un chaton..."
"Carotte a croisé ma route en juin 2002. Quand je l'ai rencontré, il était très maigre et miaulait de faim. Je l'ai nourri pendant à peu près un mois à l'école où je travaillais. Puis, j'ai quitté le poste que j'occupais et je l'ai emmené avec moi. Etant un peu inquiète par nature, j'ai préféré le conduire d'abord chez le véto pour le faire castrer, identifier, vacciner et voir s'il était en bonne santé. C'est là que c'est tombé : Carotte est FIV+.
Ca a été très dur à encaisser, car je ne connaissais pas tout ça et les vétos non plus d'ailleurs. Le drame a été de ne pas mettre Théus avec Carotte. Donc, il fallait pouvoir le placer quelque part. J'ai essayé les annonces vétos, la SPA... Finalement, mes parents l'ont pris en accueil et l'ont gardé.
L'histoire de la relation de Laurence et Carotte, illustre bien cette longue marche qu'est la reconnaissance des droits des matous FIV à pouvoir mener une vie normale. Chacune de ses étapes est jalonnée par une victoire, une victoire sur la peur. Et chaque victoire sur la peur, est aussi une victoire de la Connaissance. Leçons de vie disions-nous au tout début de cette série... Car en huit ans, Laurence a appris...
" Si j'avais dû sauver Carotte en 2009, cela aurait été plus facile pour moi. On connait mieux ces maladies et finalement ces chats vivent tout à fait normalement... Mais il aurait pris la place que je n'aurais pas pu offrir à Souris..".
Carotte a aujourd'hui dix ans. Un âge que trop de chats "négatifs" n'atteignent pas...
Alors, un chat positif au FIV depuis huit ans, c'est quoi ? ...
C'est d'abord un chat qui joue depuis huit ans..
C'est un chat qui adore le confort depuis huit ans...
C'est un chat qui cohabite avec ses congénères...
Un merveilleux chat, non ?
Et c'est aussi l'une des leçons de cette histoire : nos sauvetages ne doivent pas nous faire oublier ceux ont été les premiers au sein du foyer, ceux qui ont été les premiers gâtés et à qui on ne demande guère l'avis, lorsque l'on veut agrandir nos tribus... une leçon à méditer...
"Ce ne sont pas Souris et Carotte qui m'ont enrichie humainement car eux ce sont mes chats. Ce sont tous les autres du refuge. Mais c'est vrai que l'histoire de Souris est mélangée à ce que je fais pour le refuge".